Trieu Kinh représente une nouvelle génération d’entrepreneurs issus des ethnies minoritaires. Ayant le contact avec le tourisme très tôt, il contribue activement au développement durable de la communauté Dzao Rouge à Hoang Su Phi. Entouré d’une équipe 100% locale, il partage avec nous son parcours.
Trieu Kinh et ses premiers pas dans le tourisme
En 2007, avec le baccalauréat en poche, Trieu Kinh a participé aux travaux de construction du resort Panhou. Grâce à la polyvalence, il a décroché un contrat en tant que responsable logistique pour la même compagnie. Ses tâches sont assez variées : guidage, transfert de bagages, cuistot. C’est grâce au resort qu’il a eu les premiers contacts avec les touristes internationaux.
La carrière fut interrompue lors du service militaire obligatoire en 2009. L’armée a forgé chez Trieu Kinh la discipline et l’esprit patriotique. De retour à Hoang Su Phi, il a remarqué que le tourisme communautaire n’existait pas dans le coin. Le resort Panhou Village détenait pratiquement le monopole au détriment de toutes les ethnies dans la région. La frustration l’a poussé à se lancer dans l’entrepreneuriat.
En 2012, Trieu Kinh a eu la chance de participer à une formation de tourisme, offerte par l’Union Européenne. Avec une curiosité remarquable, il a enchaîné deux autres formations en anglais et guidage. Le jeune homme s’est largement inspiré du modèle de Sapa pour développer son projet en discrétion.
Le lancement de l’hébergement chez l’habitant
Faute de moyen, Trieu Kinh a mis des économies pendant plusieurs années. Il a fallu 5 ans pour finaliser la construction d’une maison sur pilotis. En 2015, celle-ci fut inaugurée pour accueillir les voyageurs. Trieu Kinh avec cinq autres associés a fondé une coopérative dans le but de promouvoir le séjour chez l’habitant. Le « capital » de démarrage était modeste :
- Un fond de 5 millions de VND (~220 USD)
- Un buffle
- Et la persévérance des six travailleurs acharnés
Malgré quelques expériences dans le tourisme, Trieu Kinh a eu beaucoup de difficulté dans la promotion de Hoang Su Phi. Par rapport aux autres régions montagneuses du Nord Vietnam, son village est plus difficile d’accès. Il s’appuie sur le bouche-à-oreille pour trouver des clients. La source de voyageurs vient essentiellement de la recommandation des guides professionnels d’Hanoï.
La qualité du service s’est nettement améliorée suite à l’intervention de l’ONG suisse Helvetas en 2016. Grâce à l’aide marketing de l’organisme, Hoang Su Phi devient mieux connu auprès du grand public. Quelques agences réceptives ont commencé à prêter plus d’attention lorsque Sapa souffre du tourisme de masse.
Trieu Kinh vous emmène au cœur de la vie des ethnies
Ce n’est pas par hasard qu’il a fait des repérages dans d’autres régions où le tourisme communautaire se développe. Trieu Kinh a séjourné à Sapa, Bac Ha et Mai Chau. Frappé par la folklorisation du village Ta Phin, il adopte une approche plus modérée. Chez lui, le niveau d’immersion est plus renforcé.
La plupart des voyageurs viennent à Hoang Su Phi pendant la période des moissons. En octobre, les rizières en terrasses sont dorées partout. Au-delà des scènes photogéniques, Trieu Kinh propose de partager le quotidien agricole. On peut participer à la récolte du riz ou à la pêche de carpes.
Fort des expériences en tant que guide, Trieu Kinh propose également la randonnée à la rencontre des ethnies. Dans cette région, une dizaine de tribus cohabitent en harmonie. On peut citer notamment : Dzao Rouge, La Chi, Tay, Nung, Pa Then, H’mong. Toutes les communautés vivent en parfaite harmonie. Trieu Kinh entretient un lien privilégié avec les autres ethnies, ce qui permet d’enchaîner de différentes nuits chez l’habitant
Un modèle exemplaire du tourisme durable
Le tourisme communautaire à Hoang Su Phi est beaucoup plus jeune que les autres régions. Cela explique en partie pourquoi les familles ont pu éviter les erreurs. On remarque plusieurs différences :
- Bonne répartition entre les visiteurs vietnamiens et internationaux
- Autonomie suffisante par rapport au tourisme
- Hébergements tenu 100% par les ethnies
En 2019, le village a reçu 1,000 visiteurs vietnamiens et 900 touristes internationaux. Même si le volume est faible, son impact est très positif pour la communauté. C’est l’un des rares endroits où les autorités sont très impliquées dans le tourisme. En partie, c’est grâce à la contribution de Trieu Kinh. Celui-ci est un trait d’union entre les initiatives de voyage et l’encadrement des collectivités. Le partenariat est étroit et favorise la retombée en faveur des villageois.
À l’heure actuelle, Hoang Su Phi est le seul endroit où le modèle de coopérative est bien coordonné. Depuis 2017, la structure compte une dizaine de familles. Sous la direction de Trieu Kinh et son équipe, le volume des visiteurs est réparti d’une manière équitable. Désormais, chaque famille peut recevoir un revenu stable de 2000 USD par an. L’amélioration des conditions de vie a permis à a communauté de sortir de la pauvreté. Toutes les recettes touristiques sont versées dans une cagnotte collective du village. Celle-ci sera débloquée pour financer de nombreux projets communautaires.
Trieu Kinh veut absolument éviter la dépendance excessive du tourisme. C’est pourquoi il choisit deux périodes principales pour accueillir des visiteurs : saison du repiquage du riz et la moisson. Pour le reste de l’année, il se concentre plutôt sur d’autres activités agricoles pour pérenniser les traditions ancestrales. Rencontrez-le lors d’un séjour d’immersion à Hoang Su Phi